Un couple a été écroué ce week-end pour avoir maltraité ses huit enfants
« Quand ils se sont installés, il y a quelques années, au début, ils nous montaient même des gâteaux... Et petit à petit, ils se sont renfermés. » Dans la petite cité HLM du Puig del Mas, à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales, l'incompréhension et l'indignation règnent, au lendemain de l'incarcération du couple dont les huit enfants étaient victimes de malnutrition et de maltraitance. Car personne ne reconnaît s'être douté de quelque chose sur cette famille « vivant en vase clos », dans leur appartement au rez-de-chaussée.
« Les parents avaient l'air gentil, ils disaient bonjour. Mais personne ne rentrait chez eux. Et les petits, ils ne jouaient pas avec les autres enfants , reconnaît une voisine".
C'est vrai que les petites, elles étaient pâles, blanches. Et que leur vie, c'était école, maison, école. » Anaïs, qui habite dans l'immeuble, pose un regard sévère sur cette famille, sans avoir jamais imaginé ce que les enfants enduraient. « Ces petites, elles étaient toute la journée derrière la fenêtre, à regarder dehors. Elles faisaient bonjour avec la main quand on passait. C'est pas une vie. » Elle se souvient aussi avoir vu l'une d'elle, « pieds nus, à ramasser par terre dans la cour », après avoir été punie par son père.
Au jardin d'enfants, de l'autre côté du pont du chemin de fer, on voyait souvent « cette mère, avec son foulard afghan, qui venait avec ses petites ; elles jouaient à la balançoire. La plus grande s'occupait aussi des enfants, ils étaient toujours en groupe. C'est vrai que je ne les ai jamais vues avec un goûter , relève une grand-mère. Depuis ces vacances, l'une des filles, qui est à la puberté, avait le voile. » De l'autre côté de la rivière, au skate-parc, les ados connaissaient ce garçon de 16 ans, qui ne pesait que 32 kg pour 1,65 m, trouvé, visage en sang, vendredi, par les gendarmes. « Il est sympa et rigolo, il venait faire du skate ici. Quand il était au collège avec nous à Port-Vendres, il mangeait pas à la cantine, il allait juste y prendre du pain, et il restait dans la cour. » Depuis septembre, le garçon n'allait plus au collège. « Des fois, je me souviens qu'il pleurait, mais il ne disait jamais pourquoi. Juste que c'était à cause de sa famille », dit un garçon qui était dans sa classe en cinquième.
Les langues se délient : « Quand ils allaient au supermarché, son père le traitait comme un chien. Le père s'asseyait dehors, sur un banc, pendant que les petits allaient chercher les courses et les rapportaient à la maison. » Pour Jean-Pierre Dreno, le procureur de la République de Perpignan, « le père se comportait comme le personnage central détenteur de la vérité, qui l'assène à un groupe, comme dans une secte. Pour eux, l'extérieur est vécu comme un milieu hostile. » Seul motif de satisfaction pour le moment : dès qu'elle a été placée en foyer, l'aînée des enfants a enlevé son voile. Et ne l'a pas remis depuis.
Source : midilibre.com