L'armée colombienne libère Ingrid Betancourt et trois otages AméricainsL'armée
colombienne a libéré mercredi dans le sud-est de la Colombie l'otage
franco-colombienne Ingrid Betancourt, trois Américains et onze
militaires colombiens détenus par la guérilla des Farc, lors d'une
opération d'infiltration soigneusement planifiée.Les otages,
dont Ingrid Betancourt détenue depuis plus de six ans par les rebelles
et les Américains Marc Gonsalves, Thomas Howes et Keith Stansell, ont
été libérés au cours d'une opération héliportée de l'armée, a annoncé
le ministre colombien de la Défense Juan Manuel Santos au cours d'une
conférence de presse improvisée.Onze militaires colombiens,
principalement des officiers, ont également pu retrouver la liberté
dans de cette opération menée dans la province du Guaviare, dans le
sud-est de la Colombie, selon le ministre."Les otages ont été
libérés lors d'une opération de l'armée au cours de laquelle il a été
possible d'infiltrer le premier cercle des Forces armées
révolutionnaires de Colombie (Farc), celui qui a surveillé pendant les
dernières années un important groupe d'otages", a expliqué M. Santos.Comme
les otages séquestrés étaient divisés en trois groupes, l'armée,
invoquant grâce à ses agents infiltrés parmi les geôliers guérilleros
un faux ordre d'Alfonso Cano, le nouveau chef des Farc, a obtenu que
les otages soient regroupés "soi-disant toujours sur ordre de Cano" par
leurs gardiens dans un lieu du sud du pays, selon le ministre."Puis
un hélicoptère qui, en réalité, appartenait à l'armée nationale et
avait à son bord des membres des services secrets, a libéré les otages
dans le lieu de regroupement", a précisé M. Santos."César", le
chef des geôliers rebelles, et ses guérilleros ont été immédiatement
"neutralisés et les otages sont actuellement libres", a poursuivi M.
Santos.Un fonctionnaire de l'aéroport de San José du Guaviare,
chef-lieu de la province, a indiqué à l'AFP au téléphone qu'il avait vu
les otages descendre d'un hélicoptère et monter à bord d'un appareil de
l'armée de l'air colombienne, qui devait partir pour Tolemaida, une
base militaire du centre de la Colombie.Peu après l'annonce de
Bogota, la présidence française a confirmé la libération de l'otage
franco-colombienne. "Oui, Ingrid Betancourt a été libérée", a déclaré
un haut responsable à l'Elysée.Le président français Nicolas
Sarkozy "vient de s'entretenir longuement" avec son homologue colombien
Alvaro Uribe, a indiqué un responsable de la présidence française.Parmi
les premières réactions des familles, Lorenzo Delloye, le fils d'Ingrid
Betancourt s'est exclamé en apprenant à Paris la nouvelle: "C'est une
immense joie, une joie indescriptible. je n'arrive pas à y croire"."J'attends
d'avoir ma mère au téléphone. Je n'arrive pas y croire", a-t-il
poursuivi, affirmant attendre d'être "certain que c'est vrai".Ingrid
Betancourt, 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la
Colombie, était retenue par la guérilla marxiste depuis plus de six ans.Depuis
Washington, le président George W. Bush a appelé son homologue
colombien pour le féliciter et le remercier après la libération des 15
otages, dont les trois Américains, a annoncé la Maison Blanche.Les
trois otages américains, des sous-traitants recrutés par la département
de la Défense, se trouvaient en mission de lutte contre la drogue à
bord d'un avion du Commandement sud des Etats-Unis, qui a dû se poser à
la suite d'une défaillance mécanique dans une zone contrôlée par les
Farc, le 13 février 2003, où ils ont été capturés par les rebelles.A Madrid, le gouvernement a exprimé son "énorme satisfaction" à la suite de l'annonce de ces libérations.A
Rome, le porte-parole du Vatican s'est félicité de la remise en liberté
de l'otage franco-colombienne, évoquant "une bonne nouvelle" et "un
signe positif pour la liberté de tous les otages" ainsi que pour "la
réconciliation" en Colombie.